Donc l'idée de Simplon, une fois qu'on l'a eu couchée sur un PowerPoint ou des slides
en fait hein, on a commencé à faire un petit peu le tour des popotes et a montrer
notre idée à des gens qu'on, qui nous semblaient intéressants et tous nous ont
dit, c'est très bien vos slides, mais il nous faudrait des chiffres,
il nous faudrait ce qu'on appelle donc un business plan.
On n'avait jamais fait de business plan de notre vie et donc on
a essayé de formaliser ce document-là.
Et c'est un document qu'on continue à formaliser, c'est-à-dire qu'on continue à
réécrire à peu près toutes les semaines ou tous les mois le business plan de
Simplon et il y a quelque chose qui nous a beaucoup aidé à formaliser cette
démarche-là, c'est qu'on a immédiatement, avec le début de Simplon, participé à
des concours d'entrepreneurs et postulé à des programmes d'accompagnement et ces
organisations nous ont demandé de fournir donc des business plans à la fois chiffrés
mais aussi d'analyser notre concurrence, de démontrer nos aspects compétitifs,
enfin tout ce qui est demandé dans le cadre d'un business plan.
Et comme l'entreprise Simplon est une entreprise sociale,
on a à la fois démontré la viabilité économique de notre modèle mais aussi
notre volonté d'impact et donc immédiatement on a réfléchi
à comment objectiver ça et à avoir des indicateurs de performance.
Donc un business plan social, c'est un exercice de style qui est très important
pour les entrepreneurs pour formaliser leur projet mais c'est aussi un exercice
imposé qui n'est pas un exercice libre.
Donc nous, on ne vient pas d'une école de commerce hein, Andrei,
Erwan et moi, on n'a fait soit Sciences Po, soit le CELSA,
et donc en fait, on s'est, cet exercice imposé,
c'est devenu une espèce de montée en compétence aussi puisqu'il a fallu
apprendre ce que c'est qu'un business plan, ce que c'est que la comptabilité
d'une entreprise et tout faire en même temps, donc ça a été extrêmement difficile
à la fois d'apprendre à faire quelque chose et de le faire en même temps.
Et en même temps,
je pense qu'un entrepreneur qui ne met pas vraiment le nez dans ces affaires-là ne
pourra pas être un entrepreneur très serein longtemps.
Mais pour ça, on a été accompagnés donc par des réseaux d'accompagnement,
type le réseau Entreprendre, qui nous a beaucoup aidé au début et puis aussi,
on a assez rapidement rencontré des investisseurs qui ont cru dans
notre projet et qui nous ont aidé à formaliser notre offre.
Un business plan social,
ça sert à formaliser les choses qu'on a dans la tête et qu'on propose au marché.
Ça aide à se poser les bonnes questions aussi.
Et ce qui est intéressant, c'est que ça permet un effet miroir,
c'est-à-dire qu'à partir du moment où vous formalisez les choses et que vous voulez
pitcher ou que vous voulez déployer auprès de quelqu'un, en fait vous
avez immédiatement des feedbacks qui vous font évoluer les choses.
Donc nous, on est bercés dans le numérique donc on applique beaucoup la méthodologie
Lean Start-Up mais on va trop loin dans la méthodologie Lean Start-Up parce que
Lean Start-Up, ça ne veut pas forcément dire qu'on fait les choses et puis après
on réfléchit après hein.
Donc ça oblige aussi à formaliser quand même les choses et à les tester sur le
marché et à se planter pour retrouver des nouvelles, et le business plan social,
c'était cet exercice-là mais on le refait en permanence.
Alors, si on était amenés à refaire Simplon,
on ferait exactement le contraire de ce qu'on a fait.
C'est-à-dire qu'au lieu d'avoir une bonne idée, de trouver un local,
de lancer notre activité et après de chercher un modèle économique,
j'ai l'impression qu'on aurait fait le contraire et qu'on aurait d'abord réfléchi
à un modèle économique et après qu'on aurait trouvé un local qu'on nous aurait
pas forcément loué mais plutôt prêté pour faire le début de notre activité et donc
on aurait fait un petit peu les choses à l'envers.
Je dis ça et en même temps, je pense que je referais exactement la même chose parce
qu'on avait très très envie d'aller au plus vite sur le marché et de tester notre
offre le plus rapidement et donc ce n'était pas forcément une mauvaise
solution mais ça nous a coûté beaucoup d'énergie et on l'a fait surtout avec nos
fonds propres et ça, ça a été un petit peu difficile de retrouver un
salaire et des fonds normaux dans cette aventure.