[MUSIQUE] Bonjour. Bienvenue dans ce MOOC de géographie politique et culturelle : identités en tous genres. Bonjour à tous mes collègues du département de géographie de l'université de Genève qui vont travailler avec vous et avec moi à ce MOOC. Alors, un MOOC de géographie politique et culturelle, cela veut dire qu'on va parler effectivement de géographie. Cela veut dire qu'on va s'intéresser à la dimension spatiale des faits sociaux, des phénomènes sociaux, à l'organisation de l'espace. Un MOOC de géographie culturelle, cela veut dire qu'on va mettre l'accent sur les représentations, les discours, les mots, les imaginaires qui déterminent nos visions du monde et également nos comportements. Et puis, de la géographie politique, cela veut dire qu'on va être attentif aux effets de pouvoir, aux asymétries et aux faits de domination. L'objet du MOOC, ce sont les frontières, ou plus exactement, c'est la façon dont les frontières dans l'espace jouent un rôle pour déterminer les identités et les altérités. Plusieurs types d'identités et plusieurs types d'altérités. On va travailler sur des frontières en tous genres. C'est cela le titre du MOOC. On va donc regarder des frontières de différentes sortes qui séparent le même et l'autre, qui séparent nous et les autres. Nous et les autres, ce sont des groupes très différents. On peut penser évidemment à la frontière classique, la frontière inter-étatique. Nous, ce sont les nationaux, eux, ce sont les étrangers. Mais on peut penser également à d'autres formes de frontières ou à d'autres groupes. Par exemple, la frontière qui sépare les hommes et les femmes ou la frontière qui sépare les êtres humains des êtres non humains, des animaux. Le terme de frontière, vous comprenez, je l'entends pour l'instant en un sens très général pour désigner divers types de discontinuités, divers types de limites. Il y a une conception plus stricte de la frontière, et on reviendra tout à l'heure sur la définition de ce terme qui est très importante pour ce MOOC. Ces frontières, on les observe dans toutes sortes de dispositifs. Et vous avez sur la table disposés, cela doit sembler assez mystérieux pour vous pour l'instant, vous comprendrez plus tard, différents types d'objets ou dispositifs effectivement qui illustrent les types de frontières dont on va parler. Vous avez une maison de poupée, vous avez du fil de fer barbelé, vous avez un passeport, vous avez un graffiti ou un paillasson qui sont en quelque sorte les symboles des différents intervenants et du sujet dont ils vont vous parler. L'hypothèse forte sur laquelle nous nous plaçons, c'est que la frontière ne sépare pas des groupes qui lui préexisteraient. C'est plus compliqué que ça. La frontière, en fait, elle participe à la création, à la formation des groupes qu'elle sépare. La frontière, elle connaît un effet performatif. C'est-à-dire qu'on a souvent l'impression que la frontière, elle est là pour séparer deux groupes qui existeraient alors qu'en fait, la frontière très souvent, elle sert à fabriquer les deux groupes qu'elle sépare. Alors, évidemment, il y a une raison et une logique à ce que ce soit le département de géographie de l'université de Genève qui vous propose cet enseignement. C'est lié à un phénomène géographique. On va un peu céder au déterminisme géographique, un effet de lieu. Genève est une ville entourée de frontières et ne communique avec le reste de la Suisse que par une petite frontière qui passe sous la Versoix. Tout le reste est entouré par la frontière commune avec la France. Genève est une ville très internationale, très cosmopolite, avec une population étrangère très importante. Genève est le lieu de la SDN, puis le siège des Nations Unies. Donc, oui, il y a une logique à parler de la frontière à Genève. Et cette logique a marqué la tradition du département de géographie de cette université. Alors, cette tradition, elle s'incarne par des publications. Dès 1975, puisque c'est comme cela qu'on dit, Claude Raffestin et Paul Guichonnet sortent un manuel, un ouvrage, un traité sur la géographie des frontières. La même année, un ouvrage collectif sort, qui porte sur frontières et société dans le cas genevois. Donc, on voit qu'il y a à la fois une interrogation théorique et une interrogation sur la situation de Genève en termes de frontière. Et beaucoup plus tard, en 1997, c'est un ouvrage collectif là encore, les actes d'un colloque qui interroge la frontière. Si on parle beaucoup de frontière à Genève aussi, c'est que la tradition de ce département est celle d'une géographie politique, d'une géographie culturelle, d'une géographie théorique qui aime à questionner les objets géographiques. [MUSIQUE]