Ce que je peux perdre, je le mets sur la table, je fais avec,
je ne me pose pas la question d'avoir peur puisque je sais que je peux le faire.
Donc là on est un contraste entre oui, on peut dire je lève des millions
mais on pourrait aussi dire je vais faire avec 5 000 parce que 5 000, je les ai,
j'ai un copain qui est prêt à mettre mon truc dans son réseau ou dans ses cliniques
ou dans ses écoles, c'est la seule chose que ça me coûte, je suis prêt à la perdre,
maintenant on travaille avec ça, je ne suis pas dans une angoisse de trouver de
l'argent, et surtout le fait que je vais passer des années à trouver cet argent,
alors que le mieux c'est de dire qu'est-ce que je peux perdre?
Maintenant je joue avec, tant pis si je le perds et on avance.
Donc principe numéro deux de l'effectuation :
qu'est-ce que je peux perdre?
Avant le principe numéro trois de l'effectuation, idéalement un point
important pour le deux : le bon chiffre c'est zéro, c'est-à-dire qu'idéalement,
si je peux faire mon activité en me disant, dans le fond jai pas besoin de
grand chose et je peux perdre zéro, eh bien voilà je suis vraiment détendu.
Bon, ce qu'on va appeler zéro, ça va être 3 000 euros,
on peut avoir beaucoup de gens qui disent, mais en fait je peux perdre 3 000 euro,
et avec 3 000 euros, pendant deux mois, je fais ci, j'envoie des flyers...
Bon c'est quasiment zéro, donc zéro est le bon chiffre.
Troisième point,
dans l'effectuation on va considérer qu'on ne doit pas transactionnaliser le monde,
alors c'est vrai que c'est crucial dans l'entrepreunariat classique parce que les
gens voient beaucoup l'argent, les contrats...
ça l'est peut-être, ce problème, cette erreur je dirais, existe peut-être moins
en social mais je voudrais insister quand même pour l'entrepreunariat social et dire
que, oui dans l'entrepreunariat social, comme dans l'entrepreunariat classique,
le rapport aux autres doit vraiment être vécu comme un rapport humain,
plutôt que de toujours être en train, comme on a vu dans le point numéro deux,
dégainer son argent et mettre un contrat sur la table...
De dire, en fait, avec qui je peux jouer?
Avec qui j'ai déjà envie de faire des choses?
Ça va être encore plus facile ou naturel en social, c'est de dire si un
gars a envie de faire une opération avec moi, c'est ça qu'il faut que je suive,
c'est ça que je dois chercher : le gars qui a envie de faire un truc avec moi.
Et à tout prendre, si j'ai bien cherché ça et que je l'ai vraiment bien fait,
il ne va même pas me demander un contrat, il ne va même pas me demander d'argent,
parce que ça l'amuse, ça l'intéresse, donc, on le voit même dans le monde
des forts profits où ça a lieu, le fait de ne pas retrancher la relation derrière le
transactionnel fait que des miracles ont lieu.
Donc le troisième point de l'effectuation, c'est de tout considérer,
quand je dis tout c'est les fournisseurs, c'était implicite dans mon raisonnement,
les financiers, à tout prendre on peut essayer de les oublier si possible avec le
principe numéro deux, mais les clients, les compétiteurs.
On a des gens, et les compétiteurs ça va être encore plus simple entre guillemets,
dans l'entrepreunariat social, si je veux monter une activité,
quelqu'un qui fait une activité proche peut être un peu mon compétiteur,
mais en fait il va peut-être m'aider parce qu'il trouve que je suis très cool et
qu'il va m'aider, et donc il faut que chercher ça : troisième point.
Quatrième point : l'échec et la surprise sont très importants et en positif.
Il ne faut pas dire j'ai mis beaucoup d'argent sur la table,
ça m'a pris tellement de temps, j'ai peur de me planter.
Il faut se dire de toute façon la plupart des choses ne marchent pas,
elles cafouillent énormément,
j'avais une bonne idée et puis en fait le marché réagit d'une drôle de manière.
Il faut savoir que ça va avoir lieu, mais ça va être ce qu'on va appeler une
surprise, et souvent c'est de cette surprise que la vraie bonne idée va
émerger, donc il faut être ouvert à ça.
Donc ça c'est les quatre points de l'effectuation.
D'un point de vue concret, ces principes d'effectuation,
on peut voir comment ils se déclinent dans un autre mot,
qui est intéressant à connaître, puisqu'on est aussi là pour apprendre des concepts,
on va appeler ça le lean start-up, le lean entrepreneurial.
Donc le lean c'est un terme qui vient de la Silicon Valley mais c'est une manière
différente de faire de l'entrepreunariat,
qui est philosophiquement le même que l'effectuation mais qui est plus concret.
Alors, on dit quoi en lean?
On dit une chose très simple : quand vous montez votre activité,
vous devez avoir trois choses.
Vous devez le plus tôt possible un produit minimal viable,
je vais le redire en anglais : minimal viable product,
MVP, ça veut donc dire que quand vous montez une activité,
essayez d'avoir tout de suite quelque chose que vous pouvez vendre et tester.
Je vais vous donner un exemple, une entreprise montée par une
de nos collègues qui est dans ce cours, Anne-Claire Pache : Unis-Cité.
Quand elle démarre Unis-Cité, je ne sais pas si elle s'en vantera, quand elle
démarre Unis-Cité, elle fait tout de suite un test pendant l'été avec seulement huit,
elle avait une cible sur des jeunes qui évoluaient dans des banlieues,
seulement huit jeunes, c'était tout petit, ça coûtait très peu,
elle avait un produit minimal, elle pouvait tester son produit,
voir comment ça fonctionnait, seulement avec ces huit jeunes,
sur seulement un site, ça c'est un minimal à la progression, on peut dire ok
ça fonctionne, c'est tout petit, personne ne le voit, mais j'ai un truc minimal.
Deuxième principe, c'est que quand on fait ça, on est en train de se dire qu'on
a peu de moyens, on retrouve ce qu'on avait dit avant,
mais surtout la logique c'est la logique du test,
c'est-à-dire que ce qu'on veut dans l'entrepreunariat c'est tout de suite
éliminer l'incertitude : j'ai une bonne idée mais est-ce que je peux la tester?
Donc je prends un truc, un produit minimal, je le teste.
J'ai tout de suite une réponse,
je suis en travail de test, je suis en train de valider des hypothèses, je crois
que le monde doit fonctionner comme ça, il faut aller tout de suite au test.
Donc c'est ça pragmatiquement, vous devez chercher cette notion de test.
Dernier point : ça ne va donc pas marcher, on est toujours dans le
parallèle de l'effectuation, et donc on va dire qu'on va pivoter,
c'est-à-dire que je fais mon produit minimal, je vérifie mon hypothèse, souvent
ben non tout compte fait ça ne marchait pas, eh ben je pivote, ça fait partie de
ma manière de voir le monde : pivoter ça veut dire je change de direction.
J'ai appris quelque chose, j'ai découvert d'autres partenaires et en fait tout de
suite je peux faire un autre minimal viable product, un autre produit minimal,
un autre service minimal, que je teste tout de suite, qui va probablement être un
peu meilleur parce que les gars m'ont dit, non mais si tu faisais ça ce serait plutôt
bien, et puis je le refais une troisième fois et je le refais une quatrième fois.
Ce mouvement, on va appeler ça le pivot dans la logique lean,
et c'est vraiment l'attitude que doit avoir le bon entrepreneur,
d'être capable de faire cet enchaînement.