Bonjour. Bienvenue au MOOC : Restructuration des quartiers précaires des villes africaines. Nous voilà donc arrivés au terme de notre programme, celui qui nous a permis, dans un premier temps, de prendre la mesure des caractéristiques des quartiers précaires, leurs spécificités, ainsi que leurs liens avec le reste des tissus urbains. Dans un second temps, nous avons cherché à comprendre comment ces quartiers ont été approchés, dans la perspective de leur réhabilitation et leur insertion formelle dans les structures des villes. Les opérations menées ici ou là avaient toutes les mêmes objectifs : la sécurisation foncière de l'occupation des ménages, et l'accélération de leur insertion urbaine. Notre vidéo d'aujourd'hui fera donc la synthèse du cours, en proposant de revenir sur la programmation théorique du processus de restructuration d'un quartier précaire. Par la suite, nous ferons un résumé des leçons pouvant être tirées des divers exemples que nous avons étudiés au cours de nos leçons. Le schéma que je vous présente ici est le schéma théorique de la mise en oeuvre de toute l'opération de restructuration d'un quartier précaire. Il comporte 3 phases. La première phase est celle de la préparation, c'est-à-dire en amont des interventions physiques sur le terrain. C'est dans cette phase-là qu'on va s'attacher à faire le diagnostic et l'état des lieux du quartier qu'il y a à restructurer. Cela se passera naturellement par la collecte des données existantes, par l'actualisation des supports cartographiques, par la réalisation d'enquêtes, recensements, mais également de levés topographiques. Toute cette collecte de données aura pour objectif d'estimer les besoins en équipements, en infrastructures du quartier. C'est l'estimation de ces besoins qui va définir le programme de restructuration qui peut être envisagé. Cette étape est importante parce que la définition du programme va déclencher une série d'actions potentielles qui seront aussi importantes pour le futur. Il s'agit premièrement de la réalisation de scénarios de restructurations, mais également du lancement des études préliminaires, sous forme d'APS qui peuvent être validées, et ensuite engager les dossiers d'appels d'offres. Cela constitue la phase 1. La phase 2 est celle des travaux. Elle est, en quelque sorte, la phase de viabilisation. Elle comprend l'aménagement des voiries, la construction des infrastructures, la matérialisation des emprises, mais également les divers aménagements qui vont servir à équiper la zone destinée à accueillir les populations à déplacer. C'est dans cette phase également que les études complémentaires, celles dont nous avons parlé tout au long de nos leçons, c'est-à-dire l'impact social, l'impact environnemental, mais également le plan d'action de réinstallation, c'est donc au cours de cette phase que ces études vont être engagées. Donc vous voyez bien que la définition du programme de restructuration va déclencher un ensemble d'actions qui ne peuvent se faire avant cette étape. Et c'est ici également que l'on a la possibilité de définir les ayants droit, à partir du moment où on a le contour du programme qui est défini. La troisième phase est celle de l'ingénierie sociale, c'est-à-dire de l'installation des populations dans la zone de recasement, et de la réinstallation des ménages qui restent dans le quartier. Alors, on rentre ici dans un accompagnement social à 2 aspects : d'abord dans un processus de remembrement lorsqu'il s'agit de réinstaller les ménages dans les parcelles régulières orthogonales, mais également d'assurer l'occupation foncière de ces ménages par l'attribution, soit de titres, soit de badges, en fait une confirmation qu'ils peuvent occuper le lot qu'on leur affecte et qu'ils peuvent le mettre en valeur. C'est tout cela qu'on retrouve dans un processus d'accompagnement social qui complète les interventions en matière d'ingénierie sociale. De ce que nous venons de voir, il ressort que toutes les phases sont importantes. Il s'agit en effet d'un processus qui s'appuie sur une succession d'étapes souvent rigides, mais qui autorisent parfois une certaine liberté d'entreprise. La définition des contours du programme de restructuration est déterminante pour imaginer les scénarios possibles, ainsi que ses implications, aussi bien sur le plan des travaux et de l'effort financier à consentir que de celui de l'identification des personnes éligibles, ou des personnes qui seront affectées par le projet. Plusieurs enseignements peuvent être tirés des expériences passées, dont certaines vous ont été ici sommairement présentées. Les leçons tirées de ces opérations se rapportent autant au caractère général d'élaboration des projets qu'aux dispositifs opérationnels de mise en oeuvre à prévoir, qu'ils s'attachent à la définition des options techniques à retenir, ou aux formes de collaboration à arrêter entre les divers intervenants. La première leçon tirée des expériences étudiées est certainement la nécessité d'une volonté politique affirmée ; les opérations de restructuration sont des opérations à forte connotation politique. La puissance publique doit donc s'engager au plus haut niveau, et entraîner avec elle l'ensemble des partenaires et des bailleurs, pour faciliter la mobilisation des ressources, donner une plus grande visibilité aux projets, et raccourcir les délais. Le second enseignement est la nécessité d'adopter une démarche participative qui associe l'ensemble des parties prenantes aux projets, à commencer par les bénéficiaires eux-mêmes. La participation des populations dès la définition du programme est en effet une condition sine qua non, d'abord d'adhésion, puis de soutien effectif. Le troisième enseignement concerne la définition d'une stratégie claire d'intervention. C'est elle qui évite les errements, les hésitations qui rallongent les délais d'exécution des projets. Nous avons vu, dans le cas du Maroc, l'effort qui a été fait pour considérer la totalité des agglomérations, et traiter ensemble les différentes questions. Cela permet d'avoir une vision intégrée et de proposer des mesures qui auront une portée durable. La définition d'une stratégie claire d'intervention n'est pas suffisante ; elle doit être soutenue par des options techniques de qualité et adaptées à l'environnement. Les opérations de restructuration ont très souvent souffert de la pauvreté et de la faible qualité des réalisations. Comme les options techniques, la programmation est aussi essentielle. Les effets d'une mauvaise programmation peuvent être désastreux sur la conduite et les résultats d'une opération de restructuration. Même si la programmation est parfaite, si le rôle des différents intervenants est approximatif, la mise en oeuvre du projet ne se déroulera pas convenablement. Aussi, est-il important de définir le rôle de chaque intervenant en le formalisant dans le cadre d'un contrat. Celui-ci devra préciser les engagements de chaque partie, les délais, ainsi que les sanctions éventuelles encourues. Le financement d'une opération de restructuration est souvent lourd. Il nécessite de combiner, la plupart du temps, plusieurs sources de financement, pour boucler, entre guillemets, le montage financier du projet. Assez souvent, dans ce type de projet, on imagine une belle équation pour aider notamment à financer la réalisation des équipements. C'est une des difficultés de ce type d'opération qui coûte cher ; elles sont donc difficiles à répliquer à grande échelle. Très souvent, on a privilégié les aspects techniques, au détriment des aspects sociaux. Les considérations spatiales et urbanistiques ont souvent été plus déterminantes. La dimension sociale d'un projet de restructuration est aussi, sinon plus importante que ses dimensions économique et technique. Le projet est d'abord entrepris pour soulager la situation de populations pauvres, et c'est de leur préoccupation que devraient partir toutes les frictions sur les choix et options fondamentales du projet. Voilà, nous avons épuisé notre programme. C'est rapide, et certains parmi vous auront le sentiment d'un survol rapide d'un processus complexe. Je le reconnais, au regard de l'importance de la question, mais il ne s'agit là que d'une introduction à la restructuration des quartiers précaires des villes africaines. Ce cours vous aura cependant permis d'avoir une idée globale, mais précise, des enjeux, des défis auxquels font face les gouvernements dans la recherche de solutions à cette question épineuse du développement des quartiers précaires, et au-delà, les moyens à mettre en oeuvre pour enfin arriver à avoir la maîtrise totale des processus de croissance urbaine, ou à défaut, les moyens adéquats de contrôle et de régulation urbaine. [AUDIO_VIDE]