Bonjour. Bienvenue au MOOC Restructuration des quartiers précaires des villes africaines. Notre vidéo d'aujourd'hui est consacrée au lien entre pauvreté et développement urbain. Les quartiers précaires sont en effet la manifestation de la pauvreté en ville. On peut dire que c'est l'urbanisation de la pauvreté. Ils interrogent en effet sur la capacité d'intégration des villes et même si le débat est toujours controversé, il est désormais établi que la ville est un puissant facteur de développement et un vecteur essentiel de transformation économique et sociale. Malgré l'extension de la pauvreté, les populations qui arrivent en ville connaissent un mieux être du fait d'une plus grande opportunité d'emploi et un meilleur accès aux équipements des services urbains. Les liens entre pauvreté et développement urbains sont donc évidents, et important, et malgré le débat toujours virulent au niveau international entre une exigence de performance économique des villes et celle d'une lutte efficace contre la pauvreté. Je vous propose donc le plan que voici en 4 points. Dans le premier point et le second nous reviendrons succinctement sur les notions de développement urbain et de pauvreté, dans le troisième nous reviendrons sur le débat à l'international sur les liens entre ces deux notions, et enfin dans le quatrième point, nous reviendrons sur quelques thèses célèbres sur la problématique de la pauvreté en ville. Tout démontre encore la complexité du phénomène urbain. Il s'agit sans doute de l'une des transformations les plus significatives de nos sociétés contemporaines. Les pays du Sud subissent en quelques décennies ce que les pays du Nord ont connu sur des siècles. Pour les années à venir, les perspectives de croissances sont très différentes au regard des situations actuelles qui montrent des taux de croissance de la population quasi-nul en Europe, très faibles en Amérique, et toujours élevés en Afrique et en Asie. La pauvreté est aussi un phénomène complexe mais aussi multidimensionnel. Que signifie en effet être pauvre? Est-on pauvre partout de la même façon? Autrement dit, être pauvre a-t-il la même signification partout? La pauvreté recouvre plusieurs notions qui se combinent pour accroître sa complexité. Il y a d'abord la pauvreté monétaire. C'est celle qui s'appuie sur la considération des revenus du ménage. Elle consiste à observer si les revenus d'un ménage lui permettent de subvenir convenablement à l'ensemble de ses besoins. Il y a ensuite la pauvreté des conditions de vie. C'est celle qui repose sur l'appréciation des conditions générales de vie au regard de l'accès à l'eau potable, l'éducation, la santé, l'assainissement, et les autres services de base. Il y a enfin la pauvreté des potentiels c'est celle qui se fondent sur la capacité des pauvres à créer et à entreprendre, malgré leurs difficiles conditions de vie au quotidien. Depuis quelques décennies, des tendances fortes se dessinent dans les liens entre pauvreté de développement urbain. Bien que l'incidence de la pauvreté soit toujours plus élevée en milieu rural qu'en milieu urbain, elle est d'environ 30 % plus élevée en milieu rural, les pauvres s'installent plus volontiers dans les villes qu'ailleurs car malgré les conditions difficiles d'insertion, c'est en ville que de nombreuses populations arrivent à trouver un emploi et à se procurer des revenus. En ce sens, on peut dire que l'urbanisation à une incidence positive sur la pauvreté. L'appréciation de la pauvreté dans le monde en développement se fait actuellement suivant deux seuils reconnus sur le plan international. Un premier seuil est fixé à un dollar par personne et par jour pour les pays à faible revenu. Un second seuil de deux dollars par personnes et par jour est fixé pour les pays à revenu intermédiaire. Les taux ainsi définis sont convertis localement et ajustés avec l'indice des prix pour obtenir le seuil de pauvreté pour chaque pays. La question des quartiers précaires est depuis quelques décennies au cœur d'un débat international. Ce fut d'abord l'impact des rencontres internationales. Vancouver en 1976 où il fut question de la durabilité écologique et sociales des villes, ensuite le sommet de la Terre à Rio en 1992, puis Habitat 2 à Istanbul en 1996, et enfin, le sommet du millénaire en 2000 à New York. À chaque fois, la question des quartiers précaires est revenus avec force, pour sensibiliser les gouvernants sur la nécessité de trouver des solutions au logement des pauvres dans les villes et particulièrement dans les plus grandes d'entre elles. C'est ensuite les descriptions de divers auteurs, tels que Mohammed Nasri, ou encore Milton Santos, des géographes, qui ont privilégiés les aspects spatiaux de la pauvreté. Mohammed Nasri, un géographe marocain, a surtout insisté sur la notion de sous-intégration, tandis que Milton Santos, un géographe brésilien, a développé les notions d'espaces partagés et de secteurs informels qui se basaient sur des oppositions spatiales. Mais, ce sont surtout les thèses des économistes qui ont suscité le plus de débat. Particulièrement celle de Michael Lipton ou encore de Hernando de Soto. Michael Lipton est un économiste anglais auteur du célèbre ouvrage Why Poor People Stay Poor, paru en 1977. L'auteur de la thèse du billet urbain des élites du tiers monde, selon lui cette élite accorde, dans les plans de développement et dans les dotations et dans les affectations de cadres, une trop grande importance aux villes, au détriment du monde rural, et à l'agriculture. Selon lui, cela alimente naturellement la pauvreté qui prive l'essentiel de la population des biens essentiels. Pour Michael Lipton, le conflit n'est pas entre les riches et les pauvres, ou le capital et le travail, mais entre les classes urbaines et les classes rurales. Et Hernando de Soto est aussi économiste, mais il est aussi expert et penseur pérouvien. Il est l'auteur du mystère du capital paru en 2000, et il s'est interrogé sur les raison de l'échec du capitalisme dans les pays du Sud alors qu'il triomphe depuis longtemps en Occident. De Soto tempte d'apporter une réponse en analysant les systèmes de propriété notamment dans les pays en développement. Il constate en effet qu'il existe un capital énorme mais qu'il y a un capital mort parce que la majorité de la population vit dans ce qu'il a appelé l'extra-légalité, c'est-à-dire la difficulté pour les populations d'accéder à la propriété de manière légale. De Soto milite ainsi pour la transformation et la règlementation du droit foncier dans le but de faciliter l'accès des pauvres à la propriété, condition sine qua non pour lui d'un développement durable. En conclusion, nous pouvons dire que les quartiers précaires des villes africaines sont aujourd'hui l'expression des liens directs et étroits entre la pauvreté et le développement urbain. Malgré les difficultés, les villes continuent à attirer de nombreuses populations démunies, qui trouvent ici refuge d'abord dans ce type de quartier. Il s'y côtoie de plus en plus tous les exclus des systèmes locatifs, et qui ne peuvent plus faire face aux charges mensuelles d'un loyer mais on y rencontre également tout ceux qui ont déjà bénéficié d'une distribution gratuite de terrain, et qui sont près à patienter le temps qu'il faut pour doubler la mise et accéder ainsi pleinement à la propriété foncière. [AUDIO_VIDE]